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Ma Tunisie Libre

11 novembre 2011

Négociations autour du futur gouvernement

Négociations autour du futur gouvernement

Quand les horloges s’affolent

 

40128

Désormais, les coulisses du futur gouvernement occupent, indiscutablement, à elles et à elles seules seules les devants de la scène politique et médiatique, comme une évidence pourtant si loin d’en être une. Entendu sur nos ondes : ces coulisses sont pressées de rendre au plus tôt la teneur de leurs négociations et de «rasséréner» une opinion suspendue à leurs lèvres en révélant la composition du futur gouvernement dont on omet de dire qu’il sera transitoire, et le nom du futur président dont on oublie qu’il sera intérimaire...

 


Négocier en coulisses, gagner du temps, préparer du terrain à la future Constituante, soit, mais quelque chose dans l’ampleur précoce et étonnamment impérieuse de ce débat d’arrière-boutique commence à déranger les rouages tout frais, tout fragiles de la pratique démocratique attendue. Tout se fait et se dit comme si le futur gouvernement doit être impérativement désigné dans l’urgence absolue et en dehors du seul cadre légitime que devra lui offrir la Constituante. Si on comprend les sollicitations économiques et sociales immédiates du pays dont beaucoup prétextent, l’on admet beaucoup moins cette précipitation de forme que prennent les nouveaux visages du pouvoir et qui est loin de rassurer sur l’orientation des premiers pas et premières leçon de cette seconde transition démocratique.
Pourquoi Ennahdha, le CPR et Ettakattol n’attendent pas de prendre possession de leurs sièges à la Constituante pour laquelle seulement, ils sont d’abord élus, pour mener l’orchestre de la prochaine étape, dans une conformité d’esprit et de forme aux fondamentaux de notre transition démocratique ? Pourquoi font-ils valoir leur légitimité des urnes en dehors de son contexte juridique fondamental qui est l’Assemblée nationale constituante ?
Rien ne les y oblige certes, comme rien ne le leur interdit : aucun texte, aucune loi, en attendant que la Constituante elle-même adopte ses statuts et détermine ses attributions. Il y a, à peine, pour ceux qui s’en rappellent le souvenir d’une feuille de route appelée « Déclaration de la transition démocratique » que deux d’entre eux ont signée. Outre le CPR qui a rejeté l’accord, Ennahdha et Ettakattol ont, en effet, entériné le 15 septembre dernier un consensus organisant la passation et l’organisation des pouvoirs après le verdict des urnes et dans le seul cadre de la Constituante. Instance qui, si l’on remonte aux premiers temps de la révolution, était la seule légitimité et force de rupture à laquelle le peuple aspirait et appelait, alors en l’absence des leaders et des partis.
Que les tractations politiques partisanes se densifient et se ramifient aujourd’hui jusqu’au partage des portefeuilles en dehors de cette légitimité à laquelle il appartient exclusivement de nommer son propre président, un président pour le pays, un chef de gouvernement, enfin un gouvernement, nous fait risquer une unique occasion au moins: celle de faire respecter le premier et le plus précieux calendrier démocratique qu’il nous sera jamais donné de respecter !

Source : La Presse de Tunisie 11 - 11 - 11 (Hedia BARAKET)

http://www.lapresse.tn/10112011/40128/quand-les-horloges-saffolent.html

 

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11 novembre 2011

Tourisme et islamisme

Tourisme et islamisme

Ennahdha suscite le débat Tourisme et islamisme

 

 

Tourisme et islamisme est de l’avis des spécialistes un cocktail détonnant. Pourtant, les professionnels du secteur conviés à un colloque sur les perspectives du tourisme tunisien ont presque tous caressé dans le sens du poil les responsables nahdhaouis présents et n’ont pas manqué de tarir d’éloges le semblant de programme du parti en matière de tourisme.

Seules quelques voix ont osé évoquer les questions fâcheuses, à savoir la consommation d’alcool, la place de la femme dans le projet sociétal des islamistes et les libertés individuelles.


Pourtant, avec une grande aisance et beaucoup d’assurance, le secrétaire général du mouvement Ennahdha, Hammadi Jebali, a affirmé que son parti est conscient de l’importance économique du secteur et que le mouvement est «à la recherche d’une plus-value à apporter au tourisme». Cela dit, les craintes de uns à propos des boissons alcoolisées dans les établissements touristiques ou encore celle se rapportant au statut de la femme ne devraient pas constituer une préoccupation majeure pour les différents acteurs du secteur puisque les choix du parti sont déjà fixés et seront inscrits dans la Constitution, a-t-il souligné. C’est d’ailleurs «un Etat de droit, un Etat de citoyenneté qui encourage la diversité et protège la minorité » que le parti tente d’instaurer, a souligné M.Jebali.
Aujourd’hui, ce secteur malgré son importance semble être exposé à une dangereuse spirale. Après une année marquée par une réelle inflexion de la courbe touristique toutes branches confondues, et des contre-performances à tous les niveaux, les inquiétudes des professionnels qui ont débuté l’année dans la frayeur, virent au cauchemar.

D’ailleurs, pour M.Jebali, « l’évolution du secteur ne peut cacher les difficultés structurelles et actuelles du secteur ». Il a ajouté que « ces difficultés sont le résultat de l’absence d’une volonté politique pour mettre en application une stratégie nationale permettant le développement du secteur. Cette situation a conduit à un nombre très faible de produits offerts, à la concentration sur le tourisme balnéaire, à des possibilités de promotion et de commercialisation très réduites, à la dégradation de la qualité du service offert et à la faiblesse de la rentabilité et de la compétitivité de plusieurs établissements hôteliers».
Il s’agit, donc, pour le mouvement Ennahdha de « rétablir la confiance des partenaires étrangers afin de reprendre l’activité du secteur, à travers des campagnes publicitaires et promotionnelles intensives (Eductours, salons, etc.) ».
«Œuvrer d’une manière sérieuse et rapide à résoudre les problèmes structurels du secteur à travers un plan de mesures d’urgence ». Egalement, le parti compte accorder la priorité absolue à l’épineuse question de l’endettement, de la diversification du produit, au problème du transport aérien, à la formation et à la prospection de nouveaux marchés émetteurs. Il s’agit également d’encourager le tourisme intérieur et d’exploiter les richesses culturelles du pays.

C’est une première ébauche pour une feuille de route pour le tourisme tunisien qui est à la recherche d’un nouveau souffle et qui semble déterminé à jouer une nouvelle partition en misant sur la culture islamique longtemps laissée en rade. Mais l’envol du tourisme fait face à des défis majeurs. Depuis quelques décennies, sa clientèle touristique a fondu littéralement, chutant ainsi à des seuils inacceptables.
A cet effet, les débats ont porté sur l’épineuse question de l’image de marque touristique du pays. Certes, nous sommes en pleine période de transition démocratique, c’est un exercice périlleux, mais passionnant. En effet, avec une large médiatisation de la révolution tunisienne qui continue à crever les écrans des chaînes satellitaires à chaque fois qu’une nouvelle rue arabe se soulève, l’image du pays constitue désormais un avantage compétitif et crucial qu’il faudrait mettre à profit dans le secteur touristique pour une relance durable de ses activités. C’est qu’en pareille circonstance, mettre en valeur ce que la Tunisie a à offrir, ce qui la caractérise et la distingue et saisir l’opportunité pour se créer une personnalité pour que l’image projetée soit associée dans l’esprit des gens à la destination, est une occasion qui ne risque plus de se représenter.
D’autant plus que les élections qui ont donné le Mouvement Ennahdha en tant que parti majoritaire, inquiètent un tant soit peu et les professionnels du secteur et les partenaires étrangers. C’est pour quoi il est plus qu’urgent de rassurer, de trouver l’image et la proposition qui accrocheront les gens, de se démarquer de la concurrence, d’être créatif et faire les choses différemment en misant sur des ingrédients sûrs tels que le rêve, la séduction, l’authenticité et la qualité.

Dans cette perspective, la mise en valeur du patrimoine islamique, l’une des composantes civilisationelles à même de drainer une clientèle avide de connaissance et de découverte, n’a pas pris la place qui lui sied dans les débats.
Car, pour se tailler une place dans ce secteur très compétitif, notre destination doit valoriser son actif culturel et travailler davantage son image authentique pour se différencier. De l’avis des spécialistes, le substrat culturel de la Tunisie lui confère une place de choix sur l’échiquier des destinations culturelles. Toutefois, notre pays continue à broyer du noir sur ce segment à cause de ses traits culturels encore flous alors qu’ils sont supposés intensifier la compétitivité du pays et attirer davantage les touristes avides de construire un catalogue d’expériences de différentes cultures et destinations. D’où tout l’intérêt à saisir ce créneau porteur, à en juger par son rythme évolutif sur le plan international.

Enfin, pour séduire les férus de voyages culturels et susciter un fort désir de voyager chez cette catégorie, la Tunisie se doit donc de mettre en avant son actif culturel, qui ne manquera pas de lui conférer une touche séduisante et un positionnement distinctif de premier ordre.
Hélas, les débats qui ont porté sur les maux qui traumatisent le secteur depuis des années, n’ont pas été d’une grande pertinence. Et pour cause, c’est du déjà-vu et déjà-entendu. Seuls les interlocuteurs ont changé. Purtant, la rencontre qui a pris l’air d’une grand messe de dévotion aux islamistes vainqueurs des élections, n’aura pas servi à grand-chose puisque comme l’a si bien précisé Hammadi Jebali, « nous ne voulons plus de la langue de bois ».

Source : La Presse de Tunisie 11 - 11 - 11

http://www.lapresse.tn/10112011/40127/ennahdha-suscite-le-debat.html

 

11 novembre 2011

Isie — Constituante

Isie — Constituante

Lundi prochain, proclamation des résultats définitifs Isie — Constituante

Le secrétaire général de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Boubaker Bethabet a indiqué que les résultats définitifs des élections de la Constituante seront proclamés, lundi 14 novembre 2011, conformément aux dispositions de l’article 73 du décret-loi n°35 de l’année 2011, organisant ces élections et prévoyant la proclamation des résultats définitifs après examen des recours devant le Tribunal administratif.


Dans une interview accordée à l’agence TAP, il a indiqué que l’Isie devait recevoir hier la copie finale des jugements prononcés au sujet des 104 recours soumis au Tribunal administratif, affirmant que l’Instance n’entend pas commenter les décisions rendues par le tribunal, mais se dit étonnée face à certains comportements qui sont en contradiction avec les devoirs de l’organe judiciaire, dès lors que l’obligation de réserve commande de se suffire aux motifs tirés de chaque décision et de laisser tout commentaire à une tierce partie.

La décision d’invalidation de certaines listes électorales, a-t-il expliqué, a été prise sur la base des dispositions des articles 52 et 70 du décret-loi électoral et en vertu des rapports établis par les équipes de contrôle du financement de la campagne électorale, précisant que la question de pourvoi des décisions de l’Isie est prévue par la même loi, en tant que garantie juridique offerte aux différentes parties impliquées dans l’opération électorale.
Le pourvoi, a-t-il ajouté, ne constitue pas un empiétement sur l’action de l’Instance qui a opté pour une lecture de la loi alors que le Tribunal administratif a plaidé en faveur d’une autre lecture, ce qui est tout à fait naturel, d’autant qu’il s’agit d’un texte juridique sujet à interprétation.

Il convient, ainsi, de développer les opérations électorales ultérieures, dont en particulier le parachèvement de l’inscription des électeurs afin qu’elle regroupe les électeurs potentiels, outre la formation des participants au processus électoral, la promotion de la culture politique et la garantie d’une répartition équitable des centres et des bureaux de vote.
Selon M. Riadh Touiti, avocat de l’Isie, le motif de l’annulation par le Tribunal administratif de la décision de l’Isie consiste en l’incapacité de l’Isie à administrer la preuve de la distribution des dépliants de la Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement en recourant au financement privé, durant la période de la campagne électorale, soit du 1er au 21 octobre, période régie par la loi qui interdit le recours au financement privé.

Les irrégularités jugées sans incidence

L’avocat de la liste «Al-Aridha» a indiqué également que lesdits dépliants ont été utilisés avant le démarrage de la campagne électorale, précisant que l’Isie doit apporter une preuve contraire.
S’agissant de la non-intervention de l’avocat de l’Isie pour invoquer ce motif devant le Tribunal administratif, M. Riadh Touiti a indiqué qu’il a été mandaté par l’Isie après la proclamation des résultats partiels et, partant, après invalidation des listes.
Le Tribunal administratif, a-t-il relevé, a veillé à la bonne application de la loi sans pour autant assumer son rôle dans la garantie des droits électoraux, précisant que le tribunal a jugé, sans incidence, les irrégularités enregistrées.
Il a estimé que le raisonnement du juge administratif s’est inspiré de la jurisprudence française en matière électorale sans prendre en considération le fait que l’expérience démocratique en Tunisie est dans ses premiers pas.
Il a ajouté que le Tribunal administratif aurait pu sanctionner les infractions sans tenir compte de leur degré d’impact sur les résultats des élections et ce, afin d’instaurer de bonnes traditions électorales.

De son côté, le constitutionnaliste Kaïs Saïed a indiqué que l’annulation de la décision relative à l’invalidation des listes de la Pétition populaire est due à l’absence de preuves établissant les infractions liées au financement privé, se limitant ainsi à évoquer le motif de la violation aux dispositions de l’article 70 du décret-loi.
Le Tribunal administratif avait déclaré recevable, le 8 novembre, le recours intenté par la Pétition populaire contre la décision de l’Isie prononçant l’invalidation des listes dans les circonscriptions de Tataouine, de Kasserine, de Sidi Bouzid, de Sfax I et de Jendouba, ce qui a permis à «Al-Aridha» de récupérer 7 sièges au sein de la Constituante et au Mouvement Ennahdha de remporter un 5ème siège dans la circonscription de Médenine.

Source (La Presse de Tunisie 11 - 11 - 11 : http://www.lapresse.tn/10112011/40126/lundi-prochain-proclamation-des-resultats-definitifs.html )

 

3 novembre 2011

Les femmes libres descendent dans la rue

Face au danger extrémiste qui les menace

Les femmes libres descendent dans la rue

Les femmes libres descendent dans la rue

Après des jours de silence, pas parce que leur voix impudique, les femmes ont décidé de passer à l’action pour manifester leur crainte face à la montée des islamistes et surtout leur peur par rapport au Code du Statut Personnel, garant de leurs droits. Il a fallu malheureusement attendre que des enseignantes universitaires soient agressées pour que les Tunisiennes se rendent compte du danger qui les menace.

C’est pour cette raison qu’elles étaient nombreuses se manifester hier, à la place dela Kasbahpour dénoncer les pratiques employées contre ces universitaires et pour dire au gouvernement provisoire et aux futurs responsables qu’elles ne sont pas prêtes de renoncer à leurs droits. « Nous voulons que les droits de la femme soient cités clairement dans la Constitution», répètent-t-elles.

 

 Spontanéité

Ce mouvement lancé de manière « spontanée » sur le réseau social facebook a enregistré la présence d’une centaine de femmes toutes tranches d’âge confondues. Des femmes d’affaires, des médecins et des universitaires étaient au rendez-vous pour scander la liberté et le droit à une vie sans extrémisme ni obscurantisme ou exclusion basée sur la discrimination et l’anéantissement de la femme. Voyant le danger en face, les manifestantes déclarent qu’elles ne sont pas prêtent à laisser les choses dans les mains des décideurs islamistes qui mènent un double langage. Même la présence des 49 femmes dansla Constituantene les rassure pas. Elles représentent en leur majorité le Mouvement Ennahdha.

En fait, « si nous avons décidé d’être ici aujourd’hui c’est parce que nous avons constaté que le discours a changé », témoigne une manifestante qui a déclaré qu’elle quitte son bureau pour participer à la manifestation. « C’est à l’université qu’ils commencent par imposer leur ordres. Ils ciblent les femmes », ajoute-t-elle tout en insistant sur le fait qu’elle n’est pas prête à renoncer à ses droits, ni aux droits de ses filles, de ses sœurs et de la femme tunisienne en général.

Division de l’université

« C’est ainsi qu’ils vont diviser l’université et les établissements scolaires. Ils vont obliger les femmes et les filles à porter le voile, ce qui est contraire aux libertés individuelles », signale une autre manifestante tout en précisant qu’elle n’est « qu’une simple citoyenne qui se sent en danger ». « Nous sommes déterminées plus que jamais à revendiquer nos droits. Nous tenons à ce qu’ils soient garantis parla Constitution», ajoute une autre femme qui fait remarquer qu’elles sont toutes prêtes «à revenir à la place dela Kasbahs’il le faut ». « Nous sommes musulmanes et nous revendiquons nos libertés », crient d’autres.

A priori, l’action semble s’être muede manière spontanée. Sauf qu’il est très facile de repérer des visages faisant partie ou qui ont fait partie d’organisations et d’associations féminines, notamment, l’UNFT. Autre élément à soulever c’est qu’un groupe de plus de 10 femmes a été accueilli par le Premier ministre « qui se porte garant des droits de la femme », selon Ons Hattab, universitaire àla Manouba. Ellesignale par ailleurs, que la rencontre avec le Premier ministre a porté sur les événements qui se sont produits dernièrement, dans différents établissements universitaires et dont ont étaient victimes des enseignantes. Mais, le Premier ministre peut-il être à lui seul être garant des droits de la femme prochainement ? Les femmes se sont-elles rendu compte que c’est dansla Constituanteque tout va se décider ? Certes. « C’est pour cette raison que nous avons décidé également de contacter les chefs des partis politiques pour dénoncer les pratiques agressives utilisées contre les femmes », déclare Mme Hattab. «Nous avons un rendez-vous aujourd’hui, avec Rached Ghannouchi», enchaîne l’universitaire tout en précisant qu’elles envisagent aussi contacter tous les responsables des partis politiques qui seront représentés dansla Constituante.

Les femmes tunisiennes ont-elles raté un rendez-vous avec l’histoire ? Elles ne sont que 49 dans la Constituante sur les 217 élus, soit moins du quart des membres. Seront-elles capables de préserver et de consolider leurs droits sachant que parmi les 49 élues, 42 appartiennent au Mouvement Ennahdha ? La femme tunisienne est-elle condamnée d’être toujours protégée par l’homme ? Il est temps de bouger encore plus pour lutter contre la montée des idées rétrogrades qui traitent la femme en tant qu’objet et non en tant qu’acteur indispensable pour l’équilibre de la société.

Sana FARHAT   logo_letempsp(Le Temps, jeudi 3 novembre 2011)

 http://www.letemps.com.tn/article-60358.html

Les universitaires se sont rassemblés à la Cité des sciences de Tunis

Les rassemblements dénonçant les agressions contre les enseignantes se sont multipliés hier à la capitale. A la Cité des Sciences de Tunis, des Universitaires sont venus nombreux pour dénoncer ces actes.

 

3 novembre 2011

Des Tunisiennes manifestent pour leurs droits

Des Tunisiennes manifestent pour leurs droits

Manifestation de plusieurs centaines de femmes, mercredi 2 novembre, à Tunis

Manifestation de plusieurs centaines de femmes, mercredi 2 novembre, à Tunis (photo SALAH HABIBI/AFP)

Des centaines de femmes manifestent, à Tunis, mercredi 23 octobre, pour réclamer des garanties sur leurs droits après la victoire des islamistes.

Plusieurs centaines de femmes ont manifesté mercredi 2 novembre à Tunis pour réclamer des garanties sur leurs droits, après la victoire des islamistes à l’élection d’une Assemblée constituante le 23 octobre.

Cette manifestation était le fruit « d’une initiative citoyenne, qui a vu le jour grâce au bouche à oreille, à des messages SMS ou sur Facebook », ont expliqué les organisatrices.

« Femmes libres »

Les manifestantes ont scandé des slogans (« dehors les rétrogrades ») et brandi des pancartes réaffirmant que les femmes en Tunisie sont des « femmes libres » et que la prochaine Constitution devra se porter « garante de leurs droits ».

De nombreuses femmes en Tunisie considèrent que la victoire des islamistes d’Ennahda est de nature à mettre en péril leurs droits, acquis depuis des décennies.

Un groupe de dix-huit femmes a été reçu par le premier ministre par intérim Beji Caid Essebsi, qui leur a affirmé qu’il y avait « une ligne rouge à ne pas dépasser » en Tunisie, sur les droits des femmes.

 logo_lacroix

Nathalie  Lacube (La Croix, jeudi 3 novembre 2011)

http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Des-Tunisiennes-manifestent-pour-leurs-droits-_EG_-2011-11-03-731409

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2 novembre 2011

Rached Ghannouchi reçu par l’Emir du Qatar

Rached Ghannouchi reçu par l’Emir du Qatar Du tac au tac autour de la laïcité Rached Ghannouchi reçu par l’Emir du Qatar

 

Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha, a été reçu par Cheikh Hamad al-Thani, Emir du Qatar, lundi 31 octobre2011, arapporté le site d’information alquds.com.   

 Rached Ghannouchi, du parti Ennahda, le 23 octobre à Tunis

 

 

A l’issue de cette rencontre, M. Ghannouchi a déclaré à la presse que l’Islam n’est pas contradictoire avec le savoir, le modernisme et la démocratie. “ Il est inimaginable de concevoir qu’il existe une contradiction entre l’Islam et l’intérêt humain, tout ce qui comporte un intérêt pour l’être humain et instaure la justice fait partie de l’Islam même si l’appellation lui fait défaut “, considère-t-il.

 

Concernant les tractations pour la composition du gouvernement, Rached Ghannouchi, a indiqué que des pourparlers ont été engagés depuis quelques jours avec le CPR et Ettakatol et qu’un gouvernement d’union nationale pourrait être annoncé dans une semaine ou deux pour la “ première fois de l’histoire “ dela Tunisie. Lesministères de souveraineté ne sont pas exclus des négociations, précise-t-il.

 Interrogé sur l’orientation du parti Ennahdha et si elle allait être alignée sur la tradition politique tunisienne libérale et laïque, Rached Ghannouchi a précisé quela Constitutionabrogée stipulait quela Tunisieest un Etat arabo-musulman et qu’il en sera ainsi dans la future constitution.

“ Nous n’avons pas besoin de la laïcité pour garantir la tolérance, le pluralisme et la démocratie car la laïcité n’est pas le corollaire de la démocratie, il existe des Etats laïcs, mais dictatoriaux comme l’URSS, le fascisme était laïc, et Bourguiba et Atatürk sont deux dictateurs laïcs, et il existe, aussi, des Etats laïcs démocratiques mais il n’y a pas de déterminisme entre les deux “, a-t-il ajouté.

Commentant sa visite, M. Ghannouchi a déclaré que l’Emir du Qatar l’a félicité ainsi que le peuple tunisien de la réussite des élections et a promis de promouvoir les projets de développements en Tunisie. Les détails de ses investissements seront suivis par le prochain gouvernement qui supervisera les négociations avec les responsables qataris. (Business News)

http://www.letemps.com.tn/article-60328.html logo_letempsp

 

2 novembre 2011

Dans sa première conférence de presse après les élections - Mustapha Ben Jâafar, secrétaire général

Dans sa première conférence de presse après les élections - Mustapha Ben Jâafar, secrétaire général «Ettakatol ne vendra pas son âme…» BN3444benjaafar210911

• Ennahdha et les autres devant un examen sérieux

• Nous n’avons pas d’ennemis, mais des adversaires

• Un Gouvernement d’intérêt national est nécessaire

• Béji Caïd Essebsi, un talentueux patriote

Les conférences de presse des différents partis politiques opérant sur la scène se sont poursuivies au lendemain des élections dela Constituantedu 23 octobre dernier. Ettakatol a fait durer le silence et le suspense n’a fait que planer jusqu’à hier. Il était occupé ces derniers jours par les tractations et les discussions bilatérales pour tâter le pouls et se fixer sur ce qui doit se passer après ces élections réussies.

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Fera-t-il des alliances avec Ennahdha et le Congrès Pourla République(CPR) ? Restera –t-il dans l’opposition comme le Parti Démocrate Progressiste (PDP), le Pôle Démocratique Progressiste (PDM), Al Qotb et d’autres ? Qu’en est-il de sa proposition de former un Gouvernement d’intérêt national, formulée bien avant les élections ?

La nouvelle situation dans le pays s’accommodera-t-elle du modèle classique des Démocraties bien en place, une majorité qui gouverne et une minorité qui attend son tour (alternance).

A ces questions et à d’autres, Mustapha Ben Jâafar, secrétaire général du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) ou Ettakatol a essayé, hier de fournir des réponses convaincantes.

Après avoir exprimé ses condoléances aux familles des victimes des dernières inondations, tout en espérant que ce genre de tragédie ne se reproduise plus, il manifesta sa fierté de ce qui s’est passé le 23 octobre. C’est une victoire pour le peuple qui a faitla Révolutiondela Dignité.« De nouveaux horizons sont ouverts pour la nouvelle Tunisie avec ces premières élections démocratiques, transparentes dans l’ensemble, où les normes internationales ont été respectées » dira-t-il. Ces élections n’auraient pu réussir sans les sacrifices et les luttes qui ont duré des dizaines d’années. Le rendez-vous du 23 octobre a pu être une fête dela Démocratie, grâce aux efforts conjugués dela Haute Instancede Protection dela Révolution, présidée par le patriote Yadh Ben Achour, l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), présidée par le militant Kamel Jendoubi, le Gouvernement provisoire dirigé par le patriote et talentueux Béji Caïd Essebsi, l’Armée nationale et les agents de la sécurité nationale et l’administration tunisienne et ses cadres. Après la crise de confiance entre l’Etat et le peuple, l’administration a continué à travailler dans des conditions difficiles. Des poches de résistance veulent un retour en arrière et tentent de freiner le processus. Elles ne réussiront pas.

Maintenant que les élections ont eu lieu et les résultats connus, Ettakatol entre dans la nouvelle étape en agissant conformément à certains principes bien connus.

Aucune peur ni de personnes, ni de tendances qui chercheraient à dominer la scène, le peuple tunisien, n’acceptant aucune dictature. Mieux, rappelle Mustapha Ben Jâafar « nous n’avons pas d’ennemis, nous avons des adversaires », en ajoutant que la réconciliation est nécessaire, lorsque chacun aura rendu des comptes. Une justice transitionnelle est nécessaire. Lors de la nouvelle étape, il est nécessaire de réparer l’injustice sociale, de prendre en charge les nécessiteux, les pauvres, les chômeurs, et les régions marginalisées. Tels sont les objectifs tracés.

«Aujourd’hui, Ettakatol est devenu une force importante et incontournable dans le paysage politique, grâce à sa crédibilité, sa modération, son caractère centriste, son attachement à l’identité arabo-musulmane avec ouverture sur les valeurs universelles. Il est devenu un parti capable d’être une locomotive pour les forces progressistes, centristes et de gauche », affirme le secrétaire général du FDTL.

Après les élections,la Tunisiequi est dans un carrefour, est au dessus de tous, affirme Ben Jâafar.

Il affirme que le pays vit une époque fondatrice et exceptionnelle dans laquelle on ne peut appliquer les normes habituelles des démocraties bien en place Majorité/Minorité où la majorité dirige et la minorité attend son tour. Ainsi, toutes les énergies sont nécessaires, sans exclusion. Toutes les sources de conflit devraient être évitées. Une année ce n’est pas très long, surtout après une année où la croissance était proche de zéro, le chômage en hausse et l’investissement en situation d’attente.

En dépit de cette situation délicate Ettakatol ne compte pas vendre son âme, sacrifier ses principes et ses objectifs. Les acquis concernant les libertés, fondamentales, les droits sociaux, le Code de Statut Personnel (CSP), l’égalité totale hommes femmes doivent être sauvegardée. Pour améliorer la situation sociale, la sécurité et la stabilité doivent être de retour pour que l’économie reprenne son cours normal et la relance son rythme espéré.

Pour toutes ces considérations un Gouvernement d’Intérêt nationale est nécessaire, rappelle Ben Jâafar.

Pour la première fois, les urnes ont défini le paysage politique du pays. « Ceux qui nous accordé leur confiance, attendent de nous que nous fassions les changements nécessaires et non des commentaires. Ceux qui nous ont élu, veulent que nous participions à la direction du pays. Il vaut mieux être à l’intérieur du nouveau système », dira –t-il. Des contacts ont été entrepris avec les forces politiques pour concrétiser ce choix.

A une semaine de la réunion dela Constituante, Ben Jâafar a lancé un appel à tous les partis et toutes les forces politiques, aux composantes de la société civile et aux personnalités nationales qui avaient choisi le camp dela Révolutiond’aider à la réalisation de la proposition de Gouvernement d’intérêt national, afin de faire le virage avec le moins de dégâts possibles.

Il est demandé aux acteurs politiques de concrétiser le changement. Les technocrates sont utiles, mais l’aspect politique doit dominer dans le prochain gouvernement. Des technocrates militants existent bel et bien.

«En entrant au Gouvernement, nous aurons plus de possibilités de concrétiser le changement et contrôler les pratiques de toutes les parties. On y jouera le rôle de veille, pour sauvegarder les acquis, dans cette étape très délicate, en attendant le prochain rendez-vous électoral », dira Ben Jâafar.

Le secrétaire général d’Ettakatol fait la distinction entre deux espaces,la Constituanteet le Gouvernement, deux espaces à séparer.

Dansla Constituante, les débats, à transmettre directement à la télévision, se feront point par point. Là Ettakatol défendra ses principes et valeurs qui ne sont pas forcément en accord ou antinomiques avec des partis avec lesquels on peut gouverner.

Pour rassurer les investisseurs, l’opinion publique nationale et internationale un gouvernement d’intérêt nationale est nécessaire.

Pour les tractations entreprises, Ben Jâafar, dira que « rien n’a été décidé. Des débats sont engagés et se poursuivront. Chaque parti a son agenda. Nous discutons d’égal à égal avec tout le monde, quel que soit leur poids électoral. Nous cherchons les formules qui permettent àla Tunisiede sortir de cette étape en paix, car la force d’Ettakatol, sa crédibilité et ses acquis ne se comptabilisent pas en nombre de sièges àla Constituante. Toutesles forces ont besoin, l’une de l’autre dans la même proportion. Le peuple tunisien met toutes les forces politiques devant un examen. Nous devons prouver qu’Islam et Démocratie ne sont pas antinomiques ». L’examen tout en étant pour tous, il l’est plus particulièrement pour Ennahdha qui doit faire preuve de cohérence entre paroles et actes. Ce parti ne doit pas oublier que 60% des électeurs n’ont pas voté pour lui et presque la moitié des électeurs potentiels ne se sont pas déplacé le 23 octobre. Ettakatol qui avait refusé toute diabolisation, d’Ennahdha, n’hésitera pas à quitter le gouvernement si son discours modéré, ne se concrétise pas sur le terrain. « Lorsqu’on voit qu’il n’ y a pas de garantie, rien ne nous empêche d’être dehors pour servir l’intérêt national », dira-t-il. Faire les yeux doux aux extrémistes pour des raisons électoralistes ne peut être accepté par Ettakatol qui refuse tout parti qui se proclame de la religion musulmane à l’instar de Hezb Ettahrir. La référence à la religion est commune à tous. Personne ne doit se l’approprier.

Ettakatol tient à l’option du Gouvernement d’intérêt national, même si cela pourrait lui faire perdre des voix en 2013. « Nous aurons au moins assumé nos responsabilités », ajouta Ben Jâafar.

Attendons l’aboutissement des négociations.

Hassine BOUAZRA (Le Temps, 02 Novembre 2011) logo_letempsp

http://www.letemps.com.tn/article-60329.html

 

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2 novembre 2011

Aujourd’hui, sit-in à la Kasbah : Les femmes appellent au respect de leurs droits !

Aujourd’hui, sit-in à la Kasbah : Les femmes appellent au respect de leurs droits !

publié le 02/11/2011 femme-021111-v(Tuniscope)
Aujourd’hui, un groupe de femmes Tunisiennes, libres et indépendantes mèneront une manifestation pacifique qui plaidera pour les droits de la femme. Cette initiative qui s’est organisée à travers plusieurs réseaux sociaux et à travers des groupes de femmes de plusieurs milieux différents appellera à : La consolidation des droits de la femme, le respect de ses acquis et la préservation de son statut libre et moderne.

 

Aujourd’hui, sit-in à la Kasbah : Les femmes appellent au respect de leurs droits !  

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1 novembre 2011

Sana Ben Achour, ex-présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates

Sana Ben Achour, ex-présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates

Sana Ben Achour, ex-présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates

 

«J’enregistre avec satisfaction la volonté affichée des leaders du mouvement Ennahdha de respecter la diversité politique et culturelle»

 

Connue pour son indépendance et son militantisme pour la défense des droits de l’homme et surtout de la femme Mme Sana Ben Achour ex présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates nous commente ici les résultats des élections de la Constituante.

 

Interview :

 Le Temps : Sana Ben Achour : on connaît votre combat pour les droits et la démocratie. Comment jugez-vous les résultats de ces élections ?

Sana Ben Achour : D’abord je voudrais revenir sur l’ambiance démocratique des élections pour dire qu’elles ont constitué pour moi un moment de communion à l’égal de l’émotion partagée le 14 janvier sur l’avenue Habib Bourguiba avec des milliers de concitoyens. Deux moments qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Les dépassements et les irrégularités constatés ici et là, si elles sont à prendre sérieusement en compte au plan contentieux et surtout à consigner pour l’histoire et la mémoire collective, n’entachent pas la sincérité des élections. Je les accepte comme l’expression de la volonté populaire, démocratiquement exprimée et de laquelle nous avons été spoliés durant de si longues années. Concernant les résultats des élections, honnêtement, la victoire du mouvement Ennahdha n’est pas une surprise. Je m’y attendais… mais pas dans les scores réalisés à ce jour (41,43% des sièges) et les écarts de voix constatés – à relativiser certainement- entre les premiers, les seconds et la catégorie « des autres ». Je ne reviendrai pas sur la liste al-Âridha dont je ne m’explique pas les scores. La mauvaise surprise pour moi est la défaite électorale d’une large frange de la gauche laïque et progressiste qui, malgré son parcours militant contre la dictature et son implantation sociale, a été sanctionnée pour diverses raisons internes et externes qu’il il faut analyser en profondeur. Je regrette infiniment le faible score du Qotb que j’attribue à des limites intrinsèques mais aussi à la dispersion des forces progressistes et par suite à l’émiettement des voix. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, beaucoup peuvent en témoigner. Je crois réellement que nous avons raté l’occasion historique de nous constituer en une large coalition qui aurait donné à toutes les forces du progrès, partis et indépendants confondus, un poids électoral. Je suis heureuse pour le CPR, le Attakatol et le PDP en qui je place l’espoir de continuer à défendre les valeurs universelles de droits humains, de liberté et d’égalité pour lesquelles ils se sont battus sous les années de plomb et qui nous ont rassemblés. J’enregistre avec satisfaction la volonté affichée des leaders du mouvement Ennahdha de respecter la diversité politique et culturelle. En femme engagée sur le terrain associatif et politique, je les prendrai au mot et n’ai l’intention ni de renoncer à mes idéaux de dignité et de non discrimination, ni non plus d’être inéquitable vis-à-vis d’eux en leur faisant en permanence un procès d’intention.

 Justement pensez-vous en féministe qu’il y a menace sur les acquis et les droits de la femme ?

 Concernant les droits et les libertés des femmes il va sans dire que pour moi le combat continu… avec la même vigilance. Je voudrais dénoncer le faux discours- délibérément entretenu - sur « l’alliance » entre le régime déchu et le mouvement féministe autonome. Vous savez que notre mouvement s’est constitué à la fin des années 70 en opposition à la tutelle exercée sur la question des droits des femmes – d’où le NOUS PAR NOUS- MEMES- et s’est poursuivi contre la dictature de Ben Ali par la lutte permanente contre l’instrumentalisation des femmes et pour la revendication concomitante des libertés publiques et de la démocratie (d’où la dénomination femmes démocrates). Les femmes démocrates à qui l’on a fait subir individuellement et collectivement vexations, répressions et malversations ne sont pas les femmes du système. Je me réjouis des déclarations « rassurantes » des leaders d’Ennahdha relatives à l’Etat civique « Dawla madaniya », aux acquis du CSP et à l’amélioration des droits. Je voudrais toutefois qu’ils m’expliquent dès à présent - pour lever tout quiproquo- ce qu’ils entendent par « Dawla madaniya » à référence religieuse. En réalité, sans vouloir tomber dans les « a priori », je me pose des questions. Leur conception de la citoyenneté et des droits n’est pas claire. Pour eux, il y a réellement ou prétendument, expressément ou implicitement- mais c’est une autre question- une conditionnalité préalable qui est celle de la conformité ou de la compatibilité de ces droits et libertés au référent religieux dont ils se posent les interprètent. C’est cela qui jette l’anathème du sacrilège sur l’approche séculière ou laïque des droits. Pour moi, ces droits et ces libertés – qu’on appelle les droits humains et les libertés fondamentales- sont absolus, indivisibles, illimités et sans réserves. C’est pourquoi, le discours de la Nahdha sur les droits et les libertés est toujours ambivalent car tout en les reconnaissant, elle les situe dans un champ balisé que le mouvement ne peut franchir sans contredire ses propres présupposés et apparaître aux yeux de ses sympathisants comme déviant. D’ailleurs on le voit bien il y a sur la question des droits des femmes une cacophonie qui rend leurs positions peu compréhensibles et peu audibles. Les uns affirmant des choses auxquelles d’autres se chargent d’apporter tempérament ou contradiction. De quoi cela témoigne-t-il ? Une distribution des rôles, une cassure entre les leaders et leur base, une guerre larvée des chefs ou un conflit d’interprétation entre une vision traditionnaliste et une vision séculière du référent religieux ?

Vous parlez de menaces, oui bien sur si au nom du référent religieux on en vient à réduire, limiter, porter atteinte aux droits et à l’exercice de tous leurs droits humains et de toutes leurs libertés fondamentales par les femmes. C’est d’ailleurs au nom de ce référent que l’ancien régime- qu’on fait faussement passer pour le champion des droits des femmes- a émis des réserves à la CEDAW, tardé à changer les lois sur la nationalité, refusé le partage égalitaire des biens, renoncé à régler la question du domicile conjugal, des rapports entre époux, de la violence, etc. Au fond, la question est plus complexe et je sais que cette attitude relève plus en vérité des rapports de domination patriarcale que de la foi religieuse.

 Sana Ben Achour, que pensez-vous donc de la parité ? Etes-vous déçue des résultats. Qu’avez-vous à dire aux élues ?

 La parité est une grande avancée démocratique, digne de notre révolution pour la dignité. J’espère qu’elle sera constitutionnalisée non pas au niveau de la seule candidature aux postes de responsabilité et de prise de décision mais aussi au niveau de la représentation au sein des structures de délibération. Je félicite de tout mon cœur toutes les candidates élues et apporte ma solidarité aux moins chanceuses. Hormis le Qotb qui a respecté la règle du nouveau jeu démocratique, je suis déçue par l’attitude de la plupart des formations politiques de gauche comme de droite, partisanes ou indépendantes, qui n’ont pas été jusqu’au bout de la logique paritaire au niveau des têtes de listes. Les résistances patriarcales ont la peau dure ! Il n’y a qu’à voir ce qui ce dit autour de « l’introuvable candidate » ou de « l’indifférence des femmes au politique » ou du « nécessaire mérite que doivent montrer les femmes », etc. Ce que je veux leur dire est que je connais le vécu que les femmes ont en partage (leur assignation à des rôles prescrits, le travail informel, l’apport invisible, la contribution non reconnue aux charges familiales, la citoyenneté discriminatoire) pour apprécier ce que veut dire « solidarité féminine ».

Interview réalisée par Néjib SASSI

 

logo_letempsphttp://www.letemps.com.tn/article-60287.html

 

1 novembre 2011

Jour de terreur à Sidi Bouzid

Jour de terreur à Sidi Bouzid

Jour de terreur à Sidi Bouzid

Dimanche matin, de grandes averses arrosent le Nord de la Tunisie. La route qui mène vers la ville de Sidi Bouzid était encore praticable. En fait, le niveau de l’eau à Enfidha passage obligé pour atteindre cette ville, n’est pas encore alarmant. Il faut tout juste être prudent pour trouver son chemin. Sauf qu’aucune indication et aucune signalisation ne mentionnent le nom de la ville. Il fallait tout droit poursuivre le trajet qui mène vers Gafsa, en s’arrêtant de temps à autre au niveau des croisements et des ronds-points pour se renseigner sur le bon chemin.

 

Ce n’est qu’avant 45 kilomètres de la ville qu’on commence à avoir des renseignements. « Sidi Bouzid, 45 Km », Enfin. Sidi Bouzid, cette ville qui a fait parler d’elle depuis le 17 décembre, continue d’attirer l’attention des observateurs nationaux et internationaux. Mais cette fois, les événements sont totalement différents de ceux qui s’étaient produits en décembre 2010 et en janvier 2011. Les événements dramatiques qui ont eu lieu à la fin de la semaine laissent perplexes.

 

Qui est derrière les incidents qui ont coûté cher à la communauté ? Quel message veulent passer les organisateurs de ces actes de violence sachant que des jeunes et des adolescents étaient parmi ceux qui ont été arrêtés jeudi soir sont nés en 1993 ? S’agit-t-il d’une simple manifestation de protestation contre l’invalidation de la liste des indépendants « Alaridha achaabia » et des déclarations de quelques responsables des partis politiques dont le Mouvement Ennahdha, ou d’un acte de vandalisme très bien organisé ? A priori, la deuxième hypothèse est la plus plausible.

Il suffit tout simplement de faire une visite dans les décombre du siège de la Direction régionale de la Garde Nationale pour être convaincu qu’un acte pacifique ou une manifestation ne peut pas se transformer en acte de vandalisme. Pillé et saccagé, le siège a été totalement incendié. Rien n’a été épargné. Le dispensaire des agents de la Garde Nationale, les maisons de fonctionnaires, l’espace de repos, le Centre de contrôle des explosifs et des produits dangereux, le poste de la Garde Nationale, le Centre d’enrôlement, les archives, le matériel roulant tout a été dévoré par le feu. Il est clair que les organisateurs ont une idée précise de l’architecture du bâtiment et les différents accès et surtout l’emplacement des coffres forts des armes. Ils ont d’ailleurs « essayé de défoncer les coffres forts dans l’espoir de récupérer les armes, mais peine perdue », témoigne une personne qui a préféré garder l’anonymat.

 

Vandalisme

 

«La foule qui a encerclé le siège se comptait en milliers », ajoute-elle tout en enchaînant : « Les agents de la Garde Nationale étaient incapables de les dissuader ou de les disperser ce qui a encouragé certains manifestants à envahir l’espace et à mettre le feu à tout le bâtiment ». Les malfrats étaient munis de bidons de combustible et d’autres outils pour accéder au siège de cette administration, dont une échelle qui été utilisée comme pont afin d’accéder à l’étage de la direction de la Garde Nationale. Pis encore. Les malfaiteurs sont venus avec l’idée de récupérer les armes ce qui explique leurs tentatives de casser les coffres forts construits en bêton armé. « De simples manifestants qui se présentent pour protester contre la disqualification d’une liste électorale ou pour demander de libérer leurs concitoyens ne peuvent en aucun cas transformer le siège en ruine », toujours d’après la même source.

Ce n’est pas tout. D’autres administrations ont subi presque le même sort à savoir : le Tribunal de Première Instance de Sidi Bouzid, la Direction des Appels d’Offres de la Municipalité et la Recette des Finances. Un très grand point d’interrogation se pose à ce propos. Pourquoi a-t-on choisi ces administrations alors que d’autres sont situées à proximité et n’ont pas été incendiées, dont le siège du gouvernorat juste en face la Direction de la Garde Nationale et l’agence d’une banque ?

 

Ville incendiée

 

Malgré les efforts déployés par les citoyens pour nettoyer l’espace, les habitants de Sidi Bouzid n’arrivent pas à cacher les dégâts enregistrés dans l’avenue principale de leur ville. Dimanche, vers midi ça sentait encore le brûlé, l’odeur régnait l’espace. Les traces du crime sont toujours là, la fumée s’élève de la cendre des documents et des équipements dans les différents bureaux.

Ceux qui sont derrière ces actes devraient se réjouir de ce qu’ils ont fait, « sauf qu’ils ne sont pas des patriotes », se désole un jeune avocat qui préfère également, de garder l’anonymat. « Celui qui a commis ce crime est inhumain. Il n’a pas pensé aux milliers de personnes qui tirent leurs ressources des activités liées directement ou indirectement à ces administrations », d’après lui.

Il considère par ailleurs que l’ISIE et le gouvernement sont d’une manière ou d’une autre responsables de ce qui s’est passé dans la ville. « Ils devaient prendre leurs précautions avant de déclarer une telle décision. Il a fallu mobiliser des agents de police et de l’armée pour assurer la sécurité dans la ville depuis jeudi », proteste-t-il tout en ajoutant que le Mouvement Ennahdha est également, responsable à cause des déclarations de Hamadi Jebali. « Il faut que ces responsables pèsent leurs mots quand ils font des déclarations aux médias et qu’ils nomment les choses par leur nom pour ne pas laisser le champ libre à l’interprétation», appelle le jeune avocat. « Ils doivent aussi, couper court avec ce double discours pour épargner à la ville de tels incidents. Ils ont une responsabilité historique et ils doivent l’assumer », tenait-il à dire. « Car les citoyens ne seront plus tolérants. Ils seront toujours là pour les contrôler ».

Le Temps (1er Novembre 2011)

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http://www.letemps.com.tn/article-60278.html

 

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